Ghislaine tenait toujours le téléphone d’Arthus dans sa main. Il ne sonnait plus, et la petite rue était maintenant plongée dans le noir car son écran s’était éteint. Elle entendait vaguement Lilou parler à quelqu’un un peu plus loin. Son angoisse avait refait surface, mais cette fois-ci, ce n’était pas à cause d’une mauvaise note. C’était bien pire qu’une mauvaise note. Elle avait un très mauvais pressentiment. Elle sentait que ses amis n’étaient pas juste partis faire un tour. Il se passait quelque chose ici, et personne ne s’en était rendu compte ! Etait-ce une blague ? Etait-ce une attraction pour la fête ? Après tout, c’était Halloween, et donc tout le monde avait des histoires plein la tête. Ghislaine allait sortir de la rue à son tour pour aller rejoindre Lilou, quand elle entendit quelque chose qui la fit s’arrêter net. Le téléphone dans sa main…Il était en train de sonner ! Mais qui donc était en train de l’appeler ? Lilou était au téléphone, et Ghislaine n’était pas non plus en train de le faire. Elle regarda l’écran du portable, se rendant compte que c’était Sonia qui appelait. Une fois revenue de sa surprise, elle se dit que son amie allait sûrement pouvoir lui expliquer la blague dont elle avait été victime. Elle décrocha.
Tout d’abord, elle n’entendit rien. Puis elle perçut un bruit. Une respiration. Et ce fut tout. L’appel s’interrompit. Cinq secondes plus tard, ce fut son propre téléphone qui sonna. Elle frissonna. Elle avait l’impression que quelque chose ne tournait pas rond, mais elle ne savait pas quoi. C’était encore Sonia qui l’appelait. Elle décrocha.
….Lilou, qui était au téléphone avec sa mère, était en face de la boutique de la vieille dame qui vendait des objets bizarres et effrayants. Tiens, elle n’était pas dans son magasin, d’ailleurs. Lilou vit aussi de drôles de petites poupées faites en…Etait-ce des dents ? Non, bien sûr que non… Elle reprit sa conversation, et soudain, elle entendit un cri perçant. Il venait de la rue où elle avait laissé Ghislaine. Avait-elle croisé un de ces zombies de la maison hantée ? Lilou raccrocha au nez de sa mère, courant vers la rue. Essoufflée, elle appela son amie. Personne ne répondit. Elle s’avança dans la rue, son téléphone toujours à la main. Son sang se figea dans ses veines. Là, par terre, se trouvaient trois téléphones. Elle reconnut aisément celui de Ghislaine. S’approchant, elle vit que les deux autres étaient ceux de Sonia et Arthus. Ghislaine avait-elle eu raison en s’inquiétant pour leurs deux amis ? Et où était-elle maintenant ?
Lilou sentit soudain qu’on l’observait. Puis son téléphone sonna. Un numéro inconnu. Elle sentit soudain des dents pointues se planter dans son cou. Elle poussa un cri, lâchant le téléphone qui continuait de sonner. Se débattant, elle eut le temps de voir les mains de son agresseur. Elles étaient vieilles et noueuses. La dernière chose que Lilou pensa avant de perdre conscience fut que tous les vampires n’étaient pas jeunes et beaux, apparemment. Et aussi que la vieille femme du magasin d’objets effrayants ne collectait pas ses objets dans des pays étrangers, mais bien ici, et sur de vrais gens… Ces statuettes…peut-être était-ce bien des dents qui les constituaient, en fin de compte.