Tradition, chapitre 5

Lucile parut reprendre un peu ses esprits après quelques minutes passées sur le canapé de la maison de Louise à contempler le plafond. Louise était très inquiète. Pourquoi sa locataire et nouvelle amie s’était-elle évanouie de la sorte ? Quand elle apprit que ses frères étaient repartis dans le manoir, Lucile déclara qu’ils étaient en danger. Elle commença à s’agiter nerveusement, disant qu’il fallait qu’elle y retourne pour les sauver. Louise, qui n’avait aucune envie d’aller là bas alors qu’il y avait semblait-il des manifestations surnaturelles, tenta de la dissuader d’y revenir. En vain. Elle ne voulait rien entendre, répétant seulement avec conviction que ses frères étaient en danger. 

Louise l’accompagna donc au manoir, peu rassurée. Elle n’avait pas envie de laisser Lucile se rendre seule dans le sinistre bâtiment, mais elle avait peur. Elles entrèrent. La porte grinça. Où étaient les deux frères de Lucile ? Elles finirent par les trouver cachés derrière le canapé, armés de lampes de chevet. Louise faillit pouffer de rire en les voyant. Que comptaient-ils faire avec ça ?! S’il y avait vraiment un fantôme, une lampe ne pourrait rien contre lui ! Elle leur dit :

  • – Bon alors, que se passe-t-il ? Est-ce une blague pour nous rendre la pareille ? Eh bien elle est réussie. Félicitations. Mais je crois que maintenant, vous pouvez reprendre votre soirée. 

Les deux frères ne lui répondirent pas, pointant frénétiquement leurs doigts vers quelque chose derrière elle. D’abord figée, elle se retourna lentement. Là, devant elle, se trouvait Lucile. Mais ce n’était pas vraiment Lucile, car elle avait des yeux rouges et un sourire cruel. Les cheveux de Louise se dressèrent sur sa tête. Lucile leur faisait-elle une blague ? Elle espérait que c’était le cas, elle l’espérait très fort, mais cela avait l’air si réel ! Les deux frères firent diversion en criant depuis l’arrière du canapé. Louise sortit en courant de la pièce. Elle savait que son grand-père lui avait parlé d’une situation comme celle-ci. Bien sûr, elle ne l’avait jamais vraiment pris au sérieux, car toute cette histoire avait l’air complètement irréelle. Mais aujourd’hui, ses conseils allaient peut-être pouvoir lui servir. Elle courut voir dans le placard sous l’escalier. Mais où était-il ? Elle finit par trouver un tout petit bouton qui, une fois pressé, dévoila une cache secrète contenant une fiole avec un pulvérisateur. 

Elle courut à nouveau jusqu’au salon. Lucile, ou plutôt ce qui avait pris le contrôle du corps de Lucile, était en train d’essayer de tuer un de ses frères. Louise poussa un cri en voyant ça, attirant l’attention du monstre qui se mit à courir vers elle. Louise lui envoya alors une giclée du liquide de la fiole dans la figure. Lucile se mit alors à crier, à se contorsionner bizarrement, pour finalement tomber à terre, tremblante. Une sorte de fumée rouge s’échappa de son corps. Louise pulvérisa encore un peu de liquide dessus, et la chose rouge disparut en hurlant. Lucile avait perdu ses yeux rouges. Elle dit :

  • – Que…Que s’est-il passé ? Qu’est-ce que je fais là ? J’étais chez Louise, non ? 

Louise lui expliqua ce qui était arrivé, expliquant aux trois frères et sœurs les conseils de son grand-père. Elle déclara qu’elle ne louerait plus jamais ce manoir car il était bien trop dangereux. Elle les invita à terminer leur séjour chez elle, loin du lieu maudit. 

Et c’est ainsi que les frères purent regarder leurs films d’horreur sur le canapé de Louise, pendant que leur sœur et Louise jouaient aux petits chevaux dans la cuisine en mangeant des bonbons et de la pizza. 

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Tradition, chapitre 4

Louise dit au revoir à Lucile. Elle riait encore de la blague qu’elles venaient de faire aux deux frères “sans peur” de la jeune femme. Elle s’était beaucoup amusée à faire semblant d’être possédée par un esprit. Elle préférait que ce soit faux, bien sûr. Toutes ces histoires que son grand-père lui avait racontées sur le manoir…Elle espérait sincèrement qu’elles étaient fausses. Mais le sérieux avec lequel il racontait tout ceci l’avait toujours un peu angoissée. Il donnait l’impression de croire à tout ce qu’il disait, et il n’avait jamais plaisanté de sa vie. Certains de ses locataires s’étaient déjà plaints de bruits bizarres ou de lueurs étranges, mais elle-même n’en avait jamais été le témoin direct. Elle ne savait donc pas trop quoi en penser, et elle préférait mettre en garde ses locataires, au cas où il se passerait vraiment quelque chose. 

Lucile avait eu l’air de prendre ses histoires au sérieux. Mais ses deux frères avaient ri comme si elle avait raconté une bonne blague. Vraiment ? Pouvait-on vraiment n’avoir peur de rien ? Eh bien elle avait sa réponse, maintenant. Il leur arrivait d’avoir peur, bien qu’ils affirment le contraire. 

Une fois rentrée chez elle, elle se demanda comment se passait la soirée de ses locataires. Elle espérait qu’ils ne seraient pas dérangés par quoi que ce soit. Elle prit un livre. Elle n’était invitée à aucune fête pour Halloween, et cela tombait plutôt bien, car elle n’aimait vraiment pas jouer à se faire peur. Elle plaignait sincèrement Lucile, qui n’avait pas l’air d’apprécier les films d’horreur davantage qu’elle, et qui allait être forcée par ses frères à en regarder. Elle aurait tout à fait pu l’inviter à passer la soirée chez elle, mais cela aurait été très bizarre, étant donné que le trio était venu pour fêter Halloween au manoir. Elle n’aurait donc rien pu faire pour sauver Lucile des films d’horreur. Elle se plongea dans son livre, oubliant le monde extérieur. 

Des coups précipités frappés à sa porte la sortirent de l’histoire. Se demandant de qui il s’agissait à cette heure-ci, un peu effrayée car ce pouvait-être quelqu’un de dangereux, elle alla tout de même ouvrir car c’était peut-être une urgence. Elle eut la surprise de trouver le trio de frères et sœurs sur le pas de sa porte. Décidément, ils allaient finir par l’inviter à passer la soirée avec eux, ou quoi ? Elle remarqua alors que Lucile avait l’air un peu bizarre. Elle était toute pâle, elle avait l’air malade. Trop de bonbons ? Non, pas aussi rapidement, quand même…Les deux frères lui expliquèrent qu’ils avaient vu des ombres étranges dans le manoir juste avant que Lucile ne s’évanouisse. Ils voulaient la lui confier car visiblement, les lieux la faisaient se sentir mal à l’aise. Louise accepta de l’héberger chez elle, et ils repartirent dans le manoir. Apparemment, ils voulaient percer le mystère de ce manoir. Ils étaient fous, pensa Louise. Fou ou inconscients. 

Mais elle ne pouvait pas exactement leur dire quoi faire, alors elle emmena Lucile dans son salon, l’étendant dans son canapé. Qu’allait-il se passer, maintenant ? Qu’avait donc Lucile ?

Tradition, chapitre 3

Lorsque les deux frères rentrèrent, tout semblait normal. Ils posèrent leurs courses dans la cuisine, entendant leur sœur Lucile discuter avec Louise, la propriétaire du manoir qu’ils avaient loué. Ils étaient contents qu’elles se soient rapprochées, car ils trouvaient que leur sœur, toujours occupée avec son travail, était devenue assez asociale et ne sortait jamais avec des amis. Leur rencontre avec Louise était donc une très bonne chose ! La propriétaire avait l’âge de Louise, d’après ce qu’ils avaient pu apprendre lors de précédentes conversations. Ils rangèrent les denrées dans le frigidaire en discutant de la soirée qu’ils allaient passer après. Ils avaient emporté plusieurs films d’horreur. Ils savaient que leur sœur n’aimait pas beaucoup de genre de films, mais ils ne voulaient pas passer un Halloween sans en regarder au moins un. C’était la tradition ! 

Ils avaient acheté de petites citrouilles pour décorer un peu les lieux. Mathis avait aussi voulu acheter plusieurs paquets de bonbons, prétextant que ce serait pour les enfants qui oseraient sonner à la porte de cet effrayant manoir. Aurèle se doutait bien que le seul enfant qui en mangerait serait en fait son frère, qui adorait les bonbons et qui se faisait souvent réprimander par le dentiste à ce sujet. Il prenait même souvent des bonbons à ses propres enfants, vidant ainsi la moitié du paquet acheté pour eux….Mathis était un grand enfant. Des pizzas allaient aussi être commandées car ils ne pouvaient pas manger que des bonbons ! Et puis officiellement, les bonbons étaient pour les enfants déguisés qui sonneraient à la porte. Il leur fallait donc quelque chose à manger. 

Les deux frères étaient donc en train de ranger leurs achats tout en se disputant au sujet des films à choisir pour leur soirée Halloween, quand soudain, ils entendirent un cri perçant. Ils se regardèrent, effrayés. Lucile ?! Ils avaient beau avoir peur de rien, ils avaient quand même une peur bleue qu’il arrive quelque chose à leur sœur. Ils lâchèrent leurs sacs, courant vers le salon. 

Ils y découvrirent une scène très étrange. La propriétaire, Louise, était par terre, en train de convulser. Même pour des sans-peur comme eux, la situation était très bizarre et effrayante. Lucile criait, visiblement terrorisée. Elle était sur le canapé, cachée derrière un coussin. Ses frères lui crièrent :

  • – Lucile ! Que se passe-t-il ? Que lui arrive-t-il ?! 
  • – Je ne sais pas ! Elle allait bien, il y a cinq minutes ! Vous croyez qu’elle est…possédée ?! 

Elle poussa un nouveau cri quand Louise cessa soudain de trembler, se relevant et marchant vers elle. Les deux frères ne pouvaient pas voir son visage, mais il devait être terrifiant, car Lucile poussa un autre cri perçant. La possédée, car c’était ce qu’elle semblait être, avançait inexorablement vers leur sœur. Pétrifiés, ils crièrent : 

  • – Lucile !!!!

Alors que Louise semblait être sur le point d’étrangler Lucile, cette dernière se mit à rire, rompant l’atmosphère pesante qui s’était formée. Louise cessa alors d’avancer, et Aurèle et Mathis se rendirent compte qu’elle aussi était hilare. Les deux comparses leur expliquèrent que Louise n’était pas du tout possédée, parce que c’était une blague. Elles se remirent à rire car apparemment, la tête qu’ils avaient fait était cocasse. 

Tradition, chapitre 2

Après la blague douteuse de Mathis, ils descendirent de voiture et furent aussitôt accueillis par la propriétaire du manoir, Louise. Elle leur raconta que les lieux avaient appartenu à son grand-père, et que ce dernier lui avait toujours dit de faire attention, car c’était vraiment un lieu hanté. A ces mots, les deux frères de Lucile se mirent à rire, car de toute évidence, il n’y avait pas chose plus drôle que d’entendre que l’endroit où on va passer la nuit est hanté. Lucile frissonna. Leur séjour commençait bien.

Louise avait été très sérieuse en les mettant en garde, donc elle croyait vraiment à ce qu’elle disait. Ses frères ayant pris la chose peu au sérieux, elle se promit de rester sur ses gardes, juste au cas où. Mais elle avait un peu de mal à vraiment croire que cet endroit était hanté. Son esprit n’arrivait pas à se dire qu’il y avait du vrai dans ce que la propriétaire venait de leur dire. Peut-être aussi ne voulait-elle pas que ce soit vrai, n’étant pas exactement friandes d’histoires de fantômes. 

Voyant qu’elle n’arriverait pas à faire entrer sa mise en garde dans la tête des deux frères, Louise n’insista pas, leur proposant des boissons et des gâteaux qu’ils prendraient au salon. Elle leur fit aussi visiter les lieux. Tout était parfaitement sinistre, comme tout visiteur aurait pu s’y attendre en ayant vu l’extérieur du manoir. Lucile regrettait déjà d’avoir accepté de louer cet endroit. Pourquoi diable s’était-elle laissé convaincre par les arguments de ses frères ? Arguments qui d’ailleurs s’étaient limités à : “amusons-nous”, et “ tu verras, tout ira bien”. Non, vraiment, pourquoi avait-elle trouvé que c’était une bonne idée ? Mystère. En tout cas, maintenant, elle n’avait pas le choix, elle allait devoir rester là et y passer la nuit. Fantômes ou pas, l’endroit était lugubre. Et les déclarations de la propriétaire sur le fait que le manoir était vraiment hanté n’arrangeaient rien. 

Louise finit par les laisser s’installer, repartant chez elle. Oui, car elle n’habitait pas dans le manoir qu’elle louait très souvent. Elle avait une petite maison située juste à côté dans laquelle elle vivait. Selon ses dires, elle préférait vivre là que dans le manoir. Ces mots ne rassurèrent pas du tout Lucile. Louise partit donc dans sa maison, les laissant s’installer. Mais elle revint une heure plus tard, s’étant apparemment rendu compte qu’elle avait oublié de leur donner les draps, comme il était convenu dans le contrat. Lorsqu’elle revint, Lucile et elle eurent l’occasion de discuter. Elles sympathisèrent autour du fait que ni l’une ni l’autre n’aimaient le manoir. Louise était obligée de le gérer, mais cela ne lui plaisait guère. Lucile lui parla du fait que ses frères n’avaient peur de rien. Louise, qui aimait plaisanter, lui proposa de leur faire une petite blague, pour voir s’ils avaient vraiment peur de rien. 

Elles discutèrent donc de leur blague jusqu’à ce qu’Aurèle et Mathis rentrent au manoir. Ils étaient allés faire des courses et étaient partis peu après l’arrivée de Louise avec les draps, car Lucile avait très peur de rester seule dans cette affreuse grande maison. 

Tradition, chapitre 1

  • – Mathis ! Veux-tu bien cesser de chanter ? C’est affreux ! Je n’entends même plus la voix du vrai chanteur ! 
  • – Comment oses-tu critiquer ma merveilleuse voix de la sorte, Aurèle ? Je sais que tu l’adores, en réalité, car tu en as toujours été jaloux, et ce depuis notre plus jeune âge. Tu aimerais bien être capable de chanter aussi bien que moi, mais tu en es incapable. Pas vrai, Lucile, qu’il chante faux ? 
  • – C’est pas vrai ! C’est lui qui chante horriblement faux, pas moi ! 

Les deux frères continuèrent à se disputer pendant encore dix minutes et leur petite sœur Lucile les ignora, se concentrant sur la conduite de sa voiture. Elle n’y croyait pas. Ils étaient adultes, et ils se disputaient toujours comme pendant leur enfance ! Ils étaient papas, maintenant, en plus. Et elle qui avait cru qu’avoir des enfants les rendrait plus responsables ! Elle avait eu tort. Le contraire s’était produit. Et ils recommençaient à se disputer dès qu’ils se voyaient, que ce soit à cinq ou à trente ans. Non mais vraiment…Qu’avait-elle fait pour hériter de deux frères comme ceux-là? Oh, elle les aimait bien, mais seulement quand ils cessaient de se disputer. Ils cessaient rarement de se disputer. 

Mais là, elle allait devoir les supporter pendant plusieurs jours, car ils avaient loué un manoir pour passer une soirée d’Halloween exceptionnelle tous les trois. Depuis leur enfance, passer Halloween ensemble faisait partie de leurs traditions (au même titre que se disputer, apparemment…). Tous les ans, ils trouvaient donc un moyen de se retrouver, et cette année, ils s’étaient surpassés. Louer un manoir ? Au début, Lucile avait trouvé l’idée de Mathis complètement folle. Et puis quoi encore ? Cela allait forcément coûter cher ! Avec son petit salaire de secrétaire, elle ne se voyait pas du tout louer un chalet pour les vacances, alors un manoir ?! Bon, elle exagérait un peu. Elle arrivait à partir en vacances chaque année, il suffisait de choisir les bons prix. Et puis ils étaient trois, et donc la contribution à verser était bien moins importante que si elle avait été seule à payer la location. 

Elle avait donc accepté l’idée, et ils avaient cherché un manoir à louer pour quelques jours. Quand Aurèle l’avait trouvé sur internet, Lucile avait été impressionnée par l’imposante masure. Wow ! On se serait cru dans un film d’horreur rien qu’en regardant la façade ! Quelle ambiance ! L’annonce précisait même que les lieux étaient véritablement hantés. Lucile n’avait pas trop apprécié savoir cela, mais ses frères, qui n’avaient peur de rien (selon leurs dires, en tout cas), avaient immédiatement appelé la propriétaire pour réserver. 

Lucile annonça bientôt à ses frères, qui étaient toujours en train de se disputer à l’arrière de la voiture, qu’ils allaient bientôt arriver. A ces mots, le ciel, déjà bien sombre depuis une heure ou deux, fut soudain barré par un éclair bien vite suivi d’un retentissant coup de tonnerre. La pluie commença à tomber. Aurèle et Mathis se réjouirent en voyant le temps se dégrader, déclarant que c’était un temps parfait pour Halloween. Ils arrivèrent bientôt en vue du manoir. Mathis s’écria :

  • – Oh ! Je crois que je viens de voir une silhouette blanche à la fenêtre !

Nouvelle fiction à chapitres « Tradition »

Il s’agit d’un récit d’Halloween en 5 chapitres.

Extrait :

  • « – Mathis ! Veux-tu bien cesser de chanter ? C’est affreux ! Je n’entends même plus la voix du vrai chanteur ! 
  • – Comment oses-tu critiquer ma merveilleuse voix de la sorte, Aurèle ? Je sais que tu l’adores, en réalité, car tu en as toujours été jaloux, et ce depuis notre plus jeune âge. Tu aimerais bien être capable de chanter aussi bien que moi, mais tu en es incapable. Pas vrai, Lucile, qu’il chante faux ? 
  • – C’est pas vrai ! C’est lui qui chante horriblement faux, pas moi ! 

Les deux frères continuèrent à se disputer pendant encore dix minutes et leur petite sœur Lucile les ignora, se concentrant sur la conduite de sa voiture. Elle n’y croyait pas. Ils étaient adultes, et ils se disputaient toujours comme pendant leur enfance ! Ils étaient papas, maintenant, en plus. Et elle qui avait cru qu’avoir des enfants les rendrait plus responsables ! Elle avait eu tort. Le contraire s’était produit. Et ils recommençaient à se disputer dès qu’ils se voyaient, que ce soit à cinq ou à trente ans. Non mais vraiment…Qu’avait-elle fait pour hériter de deux frères comme ceux-là? Oh, elle les aimait bien, mais seulement quand ils cessaient de se disputer. Ils cessaient rarement de se disputer. « 

« Elle leur dit :

  • – Bon alors, que se passe-t-il ? Est-ce une blague pour nous rendre la pareille ? Eh bien elle est réussie. Félicitations. Mais je crois que maintenant, vous pouvez reprendre votre soirée. 

Les deux frères ne lui répondirent pas, pointant frénétiquement leurs doigts vers quelque chose derrière elle. D’abord figée, elle se retourna lentement. »

Photo de Stacey Gabrielle Koenitz Rozells sur Pexels.com

Le destin ce puzzle confinées Mina #3 Les activités de la fac

Bonjour, je suis de retour ! Je m’appelle toujours Mina, et ce confinement n’en finit pas…Tiens, c’est amusant, ça rime !

Enfin bref. Aujourd’hui, je suis assez contente, car la fac a organisé des activités au cours desquelles on a pu voir quelques autres étudiants ! Je trouve ça drôle, finalement, que maintenant nous soyons contents juste parce qu’on a pu voir des gens.  A la fac, je me souviens qu’ avant tout ça, dans les couloirs, on ne faisait que croiser des gens qu’on ne connaissait pas, car la fac c’est grand. Même dans ma propre promo, certains sont de grands inconnus pour moi. Encore aujourd’hui. On ne cherchait donc pas plus que ça à connaître ces personnes qu’on croisait, car à quoi bon ? On ne les recroiserait sans doute pas. C’était du moins ce que je me disais.

Aujourd’hui, je suis allée à un atelier jardinage avec mes colocs. Un atelier qui se passait dans notre immeuble, avec d’autres étudiants également confinés là. Nous avons respecté la distanciation et tout le tralala, mais c’était une bouffée d’air pur. C’était bizarre de pouvoir à nouveau parler à d’autres personnes que les deux filles avec qui je vis. Et je les adore, ces deux-là, mais parfois c’est bon de voir du monde. Moi qui ne suis pas particulièrement extravertie, j’ai beaucoup aimé ces quelques heures passées en compagnie d’autres étudiants. Je crois que Daisy et Paula aussi. C’était vraiment rafraîchissant, après ces jours passés dans l’appart’, à suivre des cours à distance.
La semaine prochaine, la fac organise une activité de marche. Je me demande si je ne vais pas y aller.

Mina

Noël d’un jouet (chapitre 4)

Lorsque l’homme dit que j’étais parfait, je me sentis si heureux que je faillis flotter hors de la boîte. Mais les ours en peluche ne peuvent pas voler. En fait, nous ne pouvons pas faire grand chose, apparemment. Mais bon. L’homme m’attrapa, souriant toujours :

  • – Moi aussi, j’en avais un. Je suis si content de pouvoir continuer la tradition…Le mien avait perdu une oreille et je l’avais rasé sur un côté. Camille va l’adorer, c’est certain.
  • Une oreille en moins, rasé sur un côté…Mais c’était Pépé Jim, non ? La jeune femme dût avoir la même idée que moi, car elle lui parla du vieil ours en peluche qu’elle avait vu non loin de moi. L’homme fit une drôle de tête, puis il referma vivement la boîte après m’avoir remis dedans. Cette fois-ci, la jeune femme emballa la boîte.
  • …Je dus m’endormir, car un bruit de voix me tira de mon sommeil. J’entendis un bruit de déchirure, puis la boîte s’ouvrit. Je me retrouvai face à face avec une petite fille tout sourire. Il lui manquait quelques dents, mais j’avais l’habitude, à la Ressourcerie, certains avaient des parties en moins. Elle m’attrapa :
  • – Oh merci Papa et Maman ! Il est tellement beau ! Je le garderai toute ma vie ! Il est comme dans les livres de contes !

Une fois sorti de la boîte, je pus voir le salon. Tout était décoré avec goût, c’était vraiment magnifique. Et là, dans une autre boîte, se trouvait…Pépé Jim ! Mais que faisait-il là ? L’homme avait les yeux étrangement mouillés, et je crois que Pépé Jim aussi. Il devait être allé le chercher quand la jeune femme lui avait raconté l’avoir vu dans la boutique. Pépé Jim m’avait un jour raconté qu’il était resté longtemps dans une famille avec un petit garçon qui avait beaucoup joué avec lui. Quel Noël ! Ce fut le plus beau de ma vie.

Je revis le vieux train de bois quelques jours après car l’amie de ma nouvelle petite propriétaire l’avait eu pour Noël. Apparemment, la famille qui l’avait acheté quelques jours avant que moi je sois acheté l’avait donné à la petite fille de la famille car le garçonnet n’en voulait plus. Je revis donc souvent le vieux train et je vécus avec Pépé Jim. La petite Camille et son père jouaient souvent à nous faire prendre le thé ensemble. (et oui, la petite me garda vraiment toute sa vie)

Noël d’un jouet (chapitre 3)

Arrivés dans sa maison, elle sortit du papier cadeau d’un placard. Elle me plaça dans une jolie boîte et elle sembla emballer joliment le tout. (je ne sais pas, j’étais dans la boîte et je ne voyais rien.) Mon rêve était-il en train de se réaliser ? Allais-je connaître un véritable Noël ? Un magnifique Noël comme ceux que je m’imaginais du haut de mon étagère, à la Ressourcerie ? Y allait-il y avoir d’autres jouets ? Et si j’en reconnaissais certains qui avaient été mes compagnons d’étagère ? Oh, ce serait parfait ! Mais pour le moment, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Il me faudrait attendre jusqu’à Noël pour me rendre compte de ma situation. Etait-ce un enfant ou un bébé ? Allais-je le voir grandir ? Allais-je passer un bout de ma vie avec lui et ensuite retourner à la Ressourcerie, comme le vieux train et Pépé Jim ? Peut-être, après tout. Tout était possible. Mais je pouvais aussi finir ma vie dans une poubelle, une patte en moins et malheureux comme les pierres. Ah, voilà que mon côté pessimiste ressortait encore. Vite, il fallait l’arrêter ! Non, je n’allais pas forcément avoir une vie horrible, et il me fallait avoir confiance en l’avenir. Mon avenir d’ours en peluche.

Mon esprit (oui, j’en ai un) n’avait de cesse d’imaginer ma future vie. Allais-je jouer tous les jours avec l’enfant ? Avait-il/elle déjà beaucoup de jouets avec lesquels il me faudrait partager son attention ? Oui, je me posais beaucoup trop de questions, mais tout ceux qui disent qu’un ours en peluche devrait rester dans son coffre à jouets peut sérieusement aller se faire voir. Voilà, c’est dit.

J’avais un peu peur de l’inconnu, bien sûr, et j’avais peur de rater mon apparition quand l’enfant ouvrirait la boîte. Mais qu’est-ce que je racontais, moi ? Un ours en peluche est toujours mignon, il n’a rien à faire de particulier pour donner envie à un enfant de jouer avec lui. Sauf quand il grandit, bien sûr. C’est sans doute la pire étape dans la vie d’un ourson comme moi. Mais passons et revenons à mon histoire. J’étais donc dans ma boîte en train de m’imaginer le futur, quand quelqu’un prit ladite boîte et la déplaça. Etais-je sous le sapin ? Que se passait-il ? J’entendis parler. Apparemment, la jeune femme n’avait pas encore emballé toute la boîte, car elle s’ouvrit à nouveau. Un homme me regarda en souriant :

  • Il est parfait.

Noël d’un jouet (chapitre 2)

Quand ils entrèrent dans la boutique, il était tôt. Tôt pour un nounours qui sommeille constamment sur son étagère, je veux dire. Donc il devait être plus ou moins onze heures du matin. Je ne sais pas, je n’ai pas de montre. Un ours en peluche avec l’heure à son poignet, ce serait bizarre, non ? Mais revenons à nos moutons. La famille de mes rêves entra dans la Ressourcerie alors que je dormais encore sur mon étagère. Les voir me réveilla instantanément. Et s’ils venaient pour moi ? Maintenant, je savais ce que ressentaient les animaux qui veulent être adoptés. Le petit garçon courut directement vers l’étagère des jouets, les yeux brillants. Je compris qu’ils venaient lui acheter un cadeau pour son anniversaire. Je mourais d’envie d’être choisi.

Ils tournèrent un moment dans la boutique, discutant de choses et d’autres, pendant que le garçonnet observait tous les jouets autour de lui. Son regard se posa un instant sur moi, puis il sembla voir autre chose. Quand il pointa son doigt vers ce qu’il voulait, mon coeur se serra (je veux dire, mon coeur se serait serré si j’en avait eu un en moi, mais l’émotion que je ressentis à ce moment là est équivalente). L’enfant voulait le train en bois. Il voulait repartir avec mon ami le vieux train. J’étais triste car je ne pourrais plus discuter avec lui, mais aussi parce que je n’avais pas été choisi. Le jouet en bois me fit un clin d’oeil en me disant qu’on se reverrait sûrement un jour, et peut-être même dans ce magasin !

La famille partit de la boutique avec le train. Il avait du goût, ce gamin. Quant à moi, je désespérais d’être choisi un jour. Qui voudrait d’un ours en peluche ? Un train, c’était bien mieux ! Les quelques ventes qui se conclurent dans les jours qui suivirent me confortèrent dans mon idée, et je sombrai dans une déprime intérieure profonde. C’était bientôt Noël, et j’avais espéré connaître enfin le moment des cadeaux, ce moment magique où l’enfant vous découvre avec émerveillement dans la boîte emballée avec du beau papier. Je ne voulus alors plus regarder les autres étagères, je fixai résolument le mur. Mon petit manège dura jusqu’à ce qu’un jour, une jeune femme entre dans la boutique. Je ne l’avais pas vue, je ne voulais plus rien voir. Je ne savais pas que, moi aussi, j’allais avoir mon histoire agrémentée d’un joli Noël. Ce ne fut que quand le vieux Pépé Jim me parla soudainement que je retrouvai mes esprits. Il me dit une phrase que je n’oublierai jamais :

  • – Eh, gamin ! C’est toi qu’elle va ramener chez elle.
  • En effet, la jeune femme s’avança vers moi, arborant un tendre sourire. Je faillis lui sourire en retour avant de me rappeler que les ours en peluche ne peuvent pas sourire, c’est impossible. Mais elle, elle avait presque réussi l’impossible. Je sentis l’espoir renaître en moi. Allais-je connaître une bonne famille ? Elle m’attrapa doucement, et pour la première fois depuis des semaines, je quittai mon étagère. Elle m’examina, semblant chercher quelque chose. Elle dut ne rien trouver à redire, car elle m’emmena à la caisse et paya. Dans sa voiture, elle me posa sur le siège avant. Il n’y avait personne d’autre avec elle. Pas d’enfant. Je me demandai si j’allais finir sur une étagère en tant que décoration. Elle me ramena chez elle. C’était la veille de Noël.